À 22 ans, j’avais la vie devant moi, mais lorsque je me suis retrouvée en fauteuil roulant, c’était loin de ce que j’avais en tête pour mon avenir. J’ai dû changer mes plans et voir ce que la vie avait à m’offrir avec ma nouvelle condition. Aujourd’hui, je réalise combien de belles opportunités la vie m’a offertes et comment j’ai su en profiter. Je suis fière d’où je suis rendue et je vous partage ici un aperçu de mon parcours.

MON ENFANCE

Toute petite, j’étais une vraie boule d’énergie. À quatre ans, ma mère m’a inscrite à des cours de gymnastique, mais j’étais toujours grimpée où il ne fallait pas. Au fil des années, ce sport deviendra une vraie passion, puis un mode de vie pour mes trois années du secondaire en sport-études. J’en ai même fait mon premier métier en devenant entraîneur pendant quelques années.

LE SNOWBOARD

À l’adolescence, le snowboard est entré dans ma vie. C’était un nouveau sport qui m’apportait un sentiment de liberté incroyable. Un sport où tout le monde s’encourageait et où je me sentais vraiment moi-même. À ce moment-là, j’ignorais à quel point ce sport allait changer ma vie!

À mon entrée au Cégep, j’ai abandonné la gymnastique pour m’investir à temps plein dans mes études en graphisme ainsi que dans le snowboard. Rapidement, toute ma vie s’est mise à tourner autour de cette nouvelle passion: mon cercle d’amis, mes passe-temps, mes projets.

Suite à un premier été à Whistler, j’ai décroché des commanditaires et je faisais tranquillement ma place dans les compétitions. Une fois mon diplôme en poche, je partais définitivement habiter à Whistler, avec mon copain Éric, dans le but de devenir athlète de snowboard professionnel. Peu de temps après, j’ai décroché un contrat de graphisme avec le Telus World Ski and Snowboard Festival, contrat qui m’a permis d’explorer toutes les facettes de mon métier et de lancer ma carrière avec Metamorfic! J’avais tout pour être heureuse!

L’ACCIDENT

À la fin de mon premier hiver à Whistler, je me suis rendue aux US Open, une des compétitions les plus influentes dans ce sport à cette époque. Déterminée, j’y ai fait une de mes meilleures performances à vie, ce qui m’a valu une 2e place en pré-qualifications. Le lendemain, je participais aux qualifications avec les professionnelles! C’était le plus beau jour de ma vie!

Malgré une chute dans ma première descente, je savais que j’avais encore une chance. Je me suis donc lancée dans ma seconde descente avec confiance. Tout allait bien jusqu’à ce que je chute à nouveau, mais cette fois, je ne pouvais plus me relever, je ne sentais plus le bas de mon corps. Lorsque le secouriste m’a demandé si je sentais mes pieds, je savais que quelque chose de grave venait de m’arriver.

On m’a transportée en hélicoptère à l’hôpital où j’ai subi une opération de sept heures. On a fixé ma colonne à l’aide de tiges de métal puisque j’avais endommagé mes vertèbres au niveau D5-D-6. Après l’opération, l’annonce de ma paraplégie ne fut pas une surprise pour moi. Au moment de ma chute, je le savais. À partir de là, toute ma vie allait changer, mais une chose était certaine, je retournerais continuer ma vie à Whistler avec Éric.

RÉADAPTATION

Une semaine après mon opération, j’ai été transférée au Québec pour entreprendre ma réadaptation. Éric était là tous les jours pour traverser cette épreuve avec moi en plus du soutien de ma famille et de mes amis qui me donnait une force supplémentaire.

L’athlète en moi a rapidement vu cette situation comme un nouveau défi à relever. À la surprise du personnel, j’avais déjà fait mon deuil et j’étais prête à aller de l’avant. Grâce à mon passé de gymnaste, j’ai vite appris à faire mes transferts. Après avoir marché sur les mains pendant tant d’années, c’était facile pour moi de me déplacer à l’aide de mes bras!

Après trois mois, j’étais dans l’avion pour Whistler. Mon contrat pour le Festival m’attendait et Éric était parti déménager nos affaires dans un nouvel appartement accessible pour moi.

RETOUR À WHISTLER

À mon arrivée à Whistler, j’ai vite senti le soutien de la communauté. Une collecte de fonds fut organisée afin de me procurer un équipement de ski adapté et me permettre de retourner sur la montagne. De son côté, l’équipe du Festival avait installé mon poste de travail chez moi pour faciliter ma transition. J’ai donc pu recommencer à travailler rapidement.

Je me suis vite remise à faire du sport. Le premier été, j’ai nagé et fait du vélo de montagne adapté. À l’hiver, j’ai commencé le ski adapté avec mon instructeur, Chris, qui deviendra un bon ami. Il me fera également faire mon premier saut de bungee!

J’ai fait plusieurs visites au Centre de réadaptation de Vancouver pour assurer le suivi de ma condition et me procurer mon premier fauteuil roulant permanent. J’y ai aussi appris à marcher avec des attelles et des béquilles canadiennes.

Mon copain et moi avons passé trois belles années supplémentaires à profiter de ce petit coin de paradis. Mon entreprise, Metamorfic, a vite vu grandir sa clientèle grâce à mon contrat initial avec le Festival. Une expérience inouïe qui m’a permis de toucher à toutes les facettes de mon métier tout en apprenant mon anglais!

RETOUR AU QUÉBEC

En 2004, le temps était venu de revenir près de nos familles et nos amis. Nous avons donc entrepris la traversée du Canada en voiture pour venir nous installer à Québec. J’ai continué à développer mon entreprise et je me suis rapidement rebâti une clientèle ici.

Je fais également de la photographie et de la peinture de façon professionnelle. J’offre mes services de photographie à ma clientèle de Metamorfic pour les projets accessibles à ma condition et mes toiles sont à vendre ici sur mon site.

L’athlète en moi m’a amenée à m’équiper pour différents sports en plus du ski alpin. Du vélo de route au ski de fond, en passant par le wakeboard, le surf, la planche à pagaie et dernièrement le patin avec une luge de hockey adaptée.

Depuis les 10 dernières années, je m’implique de plus en plus dans l’amélioration de l’accessibilité à différents niveaux, tout en étant fière ambassadrice de Sunrise Medical, un distributeur canadien de fauteuils roulants Quickie et RGK.

À l’aide d’une amie Kinésiologue, on a bâti Be Wheeling, un site avec des vidéos d’entraînement pour les personnes à mobilité réduite. J’ai aussi mis sur pieds un club de paddleboard adapté à Québec avec l’aide de 3 professionnelles de la santé. Un projet qui a été repris par Adaptavie et qui permet à des gens à mobilité réduite d’aller sur l’eau 1 fois par semaine à l’aide de merveilleux bénévoles!

J’ai encore plein d’autres projets et je continue d’explorer tout ce que la vie peut m’offrir pour me dépasser et m’impliquer à améliorer l’accessibilité!